Le cerveau dans la brume
Joli brouillard ce matin. J'adore quand il y a du brouillard. Il n'y en a jamais assez souvent et quand il y en a, ça ne dure jamais assez longtemps à mon goût. L'humidité ambiante est fraîche et demeure malgré tout enveloppante. Rien à voir avec le froid glacial d'une fin d'hiver ou la chaleur accablante d'une canicule. J'aime ressentir l'isolement causé par un brouillard dense. On a l'impression d'être fin seul mais du même coup, on entend les bruits ambiants comme si ils venaient de nulle part. Ceux pour qui le brouillard revêt un aspect menaçant devrait lire Brume, une nouvelle de Stephen King. C'est du bonbon!
En marchant jusqu'au bureau, j'ai même entendu une floppée d'outardes au-dessus du centre-ville, sans toutefois les voir. Joli. Le brouillard a presque réussi à donner un semblant d'âme au quartier du multimédia. Ce quartier, situé à l'extrémité du Vieux-Montréal, à l'ouest de la rue McGill, est un amalgame disparate de vieux ateliers décrépits, abandonnés pour la plupart, et d'édifices modernes de béton et de verre. On y retrouve surtout des firmes d'informatique et quelques agences de pub et de communications. Ah oui, également quelques immeubles résidentiels en copropriété au sud, avec vue sur le vieux port et la maison des éclusiers pour les propriétaires plus fortunés. Les rues sont étroites et les gens qui se rendent à leur travail ont des allures de spectres ce matin, le brouillard aidant.
C'est dans l'un de ces édifices que se trouve mon employeur. J'y vais rarement puisque je suis presque toujours chez des clients. Mon dernier mandat s'étant terminé vendredi dernier et comme je n'ai pas reçu de nouvelle assignation, je me retrouve en inter-mandat au bureau, comme on dit dans le jargon du milieu. En entrant dans l'édifice, je suis frappé plus qu'à l'habitude par la froideur des lieux. Il y a beaucoup de réverbération dans les longs couloirs bétonnés. La lumière est crûe et froide, fournie par ce qui semble être des lampes au sodium. Au bout du couloir, je passe devant les locaux de Diesel, une agence de pub primée et très en vue à Montréal. C'est l'exemple type d'une boîte vraiment branchée, où les employés (ou associés ou partenaires ou complices ou initiateurs ou whatever l'expression utilisée dans la place) sont sûrement encouragés à "penser en dehors de la boîte". Dans l'une des salles de conférence, visible du couloir de service, une vieille pompe à essence trône près de la porte (Diesel, la pognes-tu?) Les créatifs sont en réunion ce matin, l'un d'eux a son bol de céréales devant lui. La plupart sont assez jeunes, avec les cheveux en broussailles et des lunettes à cornes. Jeans oblige, faut quand même être relax et "casual" pour pondre la prochaine campagne du shampooing HairWizard. On ne voit pas tout ce qui se passe là-dedans. On voit surtout un va-et-vient quasi-constant entre l'entrée principale et le bistro de l'agence (oui, ils ont leur propre bistro de l'autre côté du couloir). Les créatifs se doivent de pelleriner au moins quotidiennement vers la machine à espresso. Comme dans toute bonne boîte branchée qui se respecte, on carbure à la caféine chez Diesel!
J'arrive finalement à mon bureau. Pas vraiment plus joyeux comme endroit. Nous sommes comme dans une gare, en transit, en attente du prochain mandat, du prochain client. Je démarre le PC qui me signale immédiatement des mises à jour de sécurité prêtes à l'installation. Je pars le truc et j'attends que l'ordinateur redémarre en sortant une tablette de feuilles et un agenda de mon sac. J'observe les cloisons vert-olive qui m'entourent. Les quelques collègues qui sont déjà affairés s'échangent les banalités usuelles, pimentées ça et là de quelques buzzwords bien sentis. Comme une strip de Dilbert, en moins drôle.
Un peu de brouillard autour du cubicule, svp!
En marchant jusqu'au bureau, j'ai même entendu une floppée d'outardes au-dessus du centre-ville, sans toutefois les voir. Joli. Le brouillard a presque réussi à donner un semblant d'âme au quartier du multimédia. Ce quartier, situé à l'extrémité du Vieux-Montréal, à l'ouest de la rue McGill, est un amalgame disparate de vieux ateliers décrépits, abandonnés pour la plupart, et d'édifices modernes de béton et de verre. On y retrouve surtout des firmes d'informatique et quelques agences de pub et de communications. Ah oui, également quelques immeubles résidentiels en copropriété au sud, avec vue sur le vieux port et la maison des éclusiers pour les propriétaires plus fortunés. Les rues sont étroites et les gens qui se rendent à leur travail ont des allures de spectres ce matin, le brouillard aidant.
C'est dans l'un de ces édifices que se trouve mon employeur. J'y vais rarement puisque je suis presque toujours chez des clients. Mon dernier mandat s'étant terminé vendredi dernier et comme je n'ai pas reçu de nouvelle assignation, je me retrouve en inter-mandat au bureau, comme on dit dans le jargon du milieu. En entrant dans l'édifice, je suis frappé plus qu'à l'habitude par la froideur des lieux. Il y a beaucoup de réverbération dans les longs couloirs bétonnés. La lumière est crûe et froide, fournie par ce qui semble être des lampes au sodium. Au bout du couloir, je passe devant les locaux de Diesel, une agence de pub primée et très en vue à Montréal. C'est l'exemple type d'une boîte vraiment branchée, où les employés (ou associés ou partenaires ou complices ou initiateurs ou whatever l'expression utilisée dans la place) sont sûrement encouragés à "penser en dehors de la boîte". Dans l'une des salles de conférence, visible du couloir de service, une vieille pompe à essence trône près de la porte (Diesel, la pognes-tu?) Les créatifs sont en réunion ce matin, l'un d'eux a son bol de céréales devant lui. La plupart sont assez jeunes, avec les cheveux en broussailles et des lunettes à cornes. Jeans oblige, faut quand même être relax et "casual" pour pondre la prochaine campagne du shampooing HairWizard. On ne voit pas tout ce qui se passe là-dedans. On voit surtout un va-et-vient quasi-constant entre l'entrée principale et le bistro de l'agence (oui, ils ont leur propre bistro de l'autre côté du couloir). Les créatifs se doivent de pelleriner au moins quotidiennement vers la machine à espresso. Comme dans toute bonne boîte branchée qui se respecte, on carbure à la caféine chez Diesel!
J'arrive finalement à mon bureau. Pas vraiment plus joyeux comme endroit. Nous sommes comme dans une gare, en transit, en attente du prochain mandat, du prochain client. Je démarre le PC qui me signale immédiatement des mises à jour de sécurité prêtes à l'installation. Je pars le truc et j'attends que l'ordinateur redémarre en sortant une tablette de feuilles et un agenda de mon sac. J'observe les cloisons vert-olive qui m'entourent. Les quelques collègues qui sont déjà affairés s'échangent les banalités usuelles, pimentées ça et là de quelques buzzwords bien sentis. Comme une strip de Dilbert, en moins drôle.
Un peu de brouillard autour du cubicule, svp!
1 Comments:
Parlant de brouillard, je descends
chercher ma presse, et dans ce
calme serein, j'entends un bruit
d'auto qu'on tente de démarrer,
puis une voix 'Comment ça y part
pas l'hostie de char, ta du fucké
le démarreur, encore tab...
Non, tab..je l'ai parti avec mes
mains stie...là-dessus je suis
rentré, comblé de ne pas avoir de démarreur...
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