Randonnée en métro
Je suis assis juste à côté d'une porte de wagon, sur un siège qui est dos au quai. À la station Radisson, les wagons sont déjà bondés. Le type qui s'asseoit à ma gauche, dans l'un des sièges jumelés perpendiculaires au mien, fait plus de 6 pieds 2. Lorsqu'il prend place, ses genoux s'appuient directement sur ma cuisse gauche. Inconfortable. Je me repositionne en pivotant légèrement vers la droite, l'air nonchalant. Fait suer de ne pas avoir pu dénicher un siège individuel, en bout de wagon.
Deux femmes sont debouts devant moi, l'une dans la fin vingtaine et l'autre, dans le début de la cinquantaine. La plus agée des deux commente tout ce qui se passe. Elle semble du genre à avoir un besoin que je qualifierais de pathologique de s'exprimer sur tout et sur rien. Des collègues de travail peut-être.
Ça va être difficile de me concentrer sur mon livre (excellent livre écrit par Richard Clarke, ancien Coordonnateur à la sécurité nationale des États-Unis, très critique vis-à-vis l'administration Bush. J'y reviendrai).
La femme dans la vingtaine fait une première remarque.
- Ça brasse donc ben à matin!
C'est tout ce que ça prend pour allumer l'autre.
- Oh, c'est pas nouveau. Moi, le métro, j'appelle ça le métro "Shake'n Bake". Ça brasse pis ça brasse pis ça brasse, pis quand t'as fini de te faire brasser, ça brasse encore.
- Hmmm...
- T'as jamais remarqué? C'est toujours comme ça. Essaie de lire le journal pour voir.
J'ai presque l'impression que la plus jeune regrette de lui avoir ouvert la porte.
Juste avant l'entrée à la prochaine station, les fluorescents et les ventilateurs du wagon s'éteignent. Elle continue sur sa lancée.
- Ah, ça c'est pas normal. Me semble que ça sent drôle!
Oh, elle va pas paniquer en plus!
Quelques instants après l'arrêt en station, les fluorescents et la ventilation redémarrent.
- Ah, ça c'est normal. Bienvenue dans le métro de Montréal!
La plus jeune ne répond pas. Elle regarde ailleurs, apparemment en feignant d'être attirée par quelque chose d'autre. De toute façon, la pie qui l'accompagne ne lui parle plus directement, elle émet des commentaires pour son propre bénéfice.
Ah, donc, des collaborateurs de longue date de Clarke ont également songé à démissionner, écoeurés qu'ils étaient de prêcher dans le désert à propos des terror...
- Non mais, ça peux-tu brasser plus que ça? Regarde ça comment ça brasse, regarde ça!
Sa voisine ne répond pas.
- Ils vont pas me dire que ça brasse pas dans le métro!
Plusieurs personnes autour d'elle se lancent des regards furtifs, quelques-uns sourient en coin. Oui, on voit que ça brasse. Pour ceux qui sont totalement désincarnés de leurs propres corps, la madame en a fait le sujet de son éditorial ce matin. Joie!
Berri-UQAM, je vais pouvoir me sauver. Re-joie! (réelle, cette fois-ci)
Noooon! Elle descend et semble se diriger vers la ligne orange en direction Côte-Vertu! Laissez-la passer devant, qu'on voit exactement où elle s'en va. Sauf! Elle se dirige vers la queue arrière de la rame de métro.
Comme à l'habitude, celle-ci est pleine à son arrivée. Elle sera archi-pleine à partir d'ici. Parfois, ça ne me dérange pas d'attendre la suivante mais ce matin, je préfère arriver le plus tôt possible.
Cordés comme nous le sommes, vaut mieux oublier la lecture. Je m'empresse de ranger le bouquin dans mon sac avant de m'insérer parmi les autres voyageurs.
J'ai la chance d'être suffisamment grand pour voir jusqu'au bout du wagon. Je ne vois que des visages impassibles. Déprimant.
J'essaie d'imaginer tout le monde (non, pas tout nu) avec un large sourire, balançant la tête à l'unisson sur l'air de Shiny Happy People du groupe R.E.M.
Shiny happy people laughing
Meet me in the crowd
People people
Throw your love around
Love me love me
Take it into town
Happy happy
Put it in the ground
Where the flowers grow
Gold and silver shine
Shiny happy people holding hands
Shiny happy people laughing
Quelle jolie image! Ils sont presque touchants tout à coup.
Nous arrivons à la station Square-Victoria. Bonne journée, shiny happy people!
Deux femmes sont debouts devant moi, l'une dans la fin vingtaine et l'autre, dans le début de la cinquantaine. La plus agée des deux commente tout ce qui se passe. Elle semble du genre à avoir un besoin que je qualifierais de pathologique de s'exprimer sur tout et sur rien. Des collègues de travail peut-être.
Ça va être difficile de me concentrer sur mon livre (excellent livre écrit par Richard Clarke, ancien Coordonnateur à la sécurité nationale des États-Unis, très critique vis-à-vis l'administration Bush. J'y reviendrai).
La femme dans la vingtaine fait une première remarque.
- Ça brasse donc ben à matin!
C'est tout ce que ça prend pour allumer l'autre.
- Oh, c'est pas nouveau. Moi, le métro, j'appelle ça le métro "Shake'n Bake". Ça brasse pis ça brasse pis ça brasse, pis quand t'as fini de te faire brasser, ça brasse encore.
- Hmmm...
- T'as jamais remarqué? C'est toujours comme ça. Essaie de lire le journal pour voir.
J'ai presque l'impression que la plus jeune regrette de lui avoir ouvert la porte.
Juste avant l'entrée à la prochaine station, les fluorescents et les ventilateurs du wagon s'éteignent. Elle continue sur sa lancée.
- Ah, ça c'est pas normal. Me semble que ça sent drôle!
Oh, elle va pas paniquer en plus!
Quelques instants après l'arrêt en station, les fluorescents et la ventilation redémarrent.
- Ah, ça c'est normal. Bienvenue dans le métro de Montréal!
La plus jeune ne répond pas. Elle regarde ailleurs, apparemment en feignant d'être attirée par quelque chose d'autre. De toute façon, la pie qui l'accompagne ne lui parle plus directement, elle émet des commentaires pour son propre bénéfice.
Ah, donc, des collaborateurs de longue date de Clarke ont également songé à démissionner, écoeurés qu'ils étaient de prêcher dans le désert à propos des terror...
- Non mais, ça peux-tu brasser plus que ça? Regarde ça comment ça brasse, regarde ça!
Sa voisine ne répond pas.
- Ils vont pas me dire que ça brasse pas dans le métro!
Plusieurs personnes autour d'elle se lancent des regards furtifs, quelques-uns sourient en coin. Oui, on voit que ça brasse. Pour ceux qui sont totalement désincarnés de leurs propres corps, la madame en a fait le sujet de son éditorial ce matin. Joie!
Berri-UQAM, je vais pouvoir me sauver. Re-joie! (réelle, cette fois-ci)
Noooon! Elle descend et semble se diriger vers la ligne orange en direction Côte-Vertu! Laissez-la passer devant, qu'on voit exactement où elle s'en va. Sauf! Elle se dirige vers la queue arrière de la rame de métro.
Comme à l'habitude, celle-ci est pleine à son arrivée. Elle sera archi-pleine à partir d'ici. Parfois, ça ne me dérange pas d'attendre la suivante mais ce matin, je préfère arriver le plus tôt possible.
Cordés comme nous le sommes, vaut mieux oublier la lecture. Je m'empresse de ranger le bouquin dans mon sac avant de m'insérer parmi les autres voyageurs.
J'ai la chance d'être suffisamment grand pour voir jusqu'au bout du wagon. Je ne vois que des visages impassibles. Déprimant.
J'essaie d'imaginer tout le monde (non, pas tout nu) avec un large sourire, balançant la tête à l'unisson sur l'air de Shiny Happy People du groupe R.E.M.
Shiny happy people laughing
Meet me in the crowd
People people
Throw your love around
Love me love me
Take it into town
Happy happy
Put it in the ground
Where the flowers grow
Gold and silver shine
Shiny happy people holding hands
Shiny happy people laughing
Quelle jolie image! Ils sont presque touchants tout à coup.
Nous arrivons à la station Square-Victoria. Bonne journée, shiny happy people!
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1 Comments:
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